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La Roquebrussanne et Clemenceau

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1920, 30 juillet. La Roquebrussanne et Clemenceau
George Clémenceau continue d’inspirer beaucoup d’hommes politiques français, sans le connaitre, hors des clichés battus.
Alors qu’à Draguignan le 1er janvier 1920, il est reçu sous un arc de triomphe, bien vite le père la Victoire pâlit. Il a contre lui les cléricaux excités par Briand et la gauche se souvenant de 1906.
Un village résiste à la clémenceaumania. Les mauvais coucheurs de la droite, arrivés au pouvoir en novembre 1919, condamne la commune, en déclarant que c’est sa non-venue ce mois-là à La Roquebrussanne qui justifie l’aigreur de son conseil municipal. C’est pourtant le village natal de Victor Reymonenq, bras droit varois de Clemenceau, ancien ouvrier de l’arsenal, sénateur qui vient d’être élu député sur la liste réactionnaire du bloc national.
Ce porte-flingue qui avait été élu maire de La Roquebrussanne en 1908 et sénateur en 1909, va rendre hommage à son ami père la Victoire; délibération municipale:
Séance du 11 novembre 1918
L’an mil neuf cent dix huit et le onze du mois de novembre à neuf heures du soir, le conseil municipal de la commune de Roquebrussanne s’est réuni sous la présidence de M. Reymonenq Victor sénateur et maire.
Présents M. Bremond Firmin, Callès Léopold, les autres membres absents mobilisés.
M le Maire est heureux d’annoncer au conseil municipal que l’armistice a été signé avec les puissances centrales prélude de la paix future.
Après un souvenir à nos chers disparus, il propose au conseil municipal de décider qu’un monument commémoratif sera élevé par souscription publique au cimetière en l’honneur des enfants de La Roquebrussanne morts au champ d’Honneur.
Il propose également en reconnaissance à notre éminent Sénateur du Var, Georges Clemenceau, ministre de la Guerre, qui a été l’organisateur de la Victoire, que la rue principale du village s’appellera désormais « Rue Clemenceau »
Le conseil approuve les propositions de M le Maire et est d’avis de lui adresser un télégramme de félicitations.
Fait et délibéré à Roquebrussanne le 11 novembre 1918. Signé: Brémond, Reymonenq
Le 30 novembre 1919, Reymonenq, 61 ans, ne se représentant pas, une liste de Concentration républicaine est élue par 95 voix. Le maire, Hippolyte Latière, 47 ans, ingénieur agronome, viticulteur-propriétaire de la Grappière, chroniqueur viticole, fait prendre cette délibération :
Séance du 30 juillet 1920
L’an mil neuf cent vingt et le trente juillet à neuf heures du soir, le conseil municipal s’est réuni sous la présidence de M. Latière, maire.
Etaient présents MM Reboul Paul, Callès Louis, Barthelemy, Jauffret, Reboul Philémon, Baude Léonce, Dominici.
Le conseil municipal prend à l’unanimité la délibération suivante:
Considérant que les critiques très vives actuellement adressées presque unanimement au citoyen Clemenceau paraissent démontrer que la politique suivie par l’ancien chef du gouvernement pendant son passage au pouvoir ne parait pas avoir utilement servi les intérêts de la France.
Considérant d’autre part que la commune de Roquebrussanne ne doit rien au citoyen Clemenceau qui ne l’a jamais aidé en quoi que ce soit:
Le conseil municipal, estimant pour ces motifs, qu’il n’y pas lieu de rendre un hommage particulier à M Clemenceau en donnant son nom à une rue de la commune décide d’annuler la décision prise le 11 novembre 1918, par une minime fraction de l’ancienne municipalité (3 membres ayant voté)
Le conseil municipal considérant par contre qu’il y a lieu de perpétuer, par tous les moyens, le souvenir des Enfants de La Roquebrussanne, morts glorieusement pour la Patrie, décide de donner le nom de ceux-ci aux rues et places de la Commune.
Signé: 12 membres dont Emeric Jules, Christinel, Aillaud P et Sauvageot.
La nouvelle met un certain temps à se propager.
Effaré, La République du Var, journal de la droite, le 15 août titre: Le conseil municipal de La Roquebrussanne commet une insanité.
« Il parait qu’une nouvelle édilité vient de débaptiser la principale voie de la « Roque ». Il faut protester contre cette vague d’injustice qui déferle autour du Tigre. Il faut protester parce que une décision dans le mauvais goût de celle que nous rapportons, est absolument insane… Les édiles de La Roquebrussanne ont l’ingratitude – quel vilain mot – de déclarer qu’ils n’ont « aucun motif de rendre à M. Clemenceau, qui ne s’est jamais occupé d’aucune commune du département, un hommage particulier. » Ça c’est possible. Et puis après! »
Ce qui est faux, le sénateur-maire Reymonenq, homme lige de Clemenceau, interventionniste notoire n’avait pas du oublier les rouquiers!
La Lanterne, journal libre-penseur du 18 aout affiche La rue Clemenceau débaptisée à La Roquebrussanne.
Au cours de sa dernière séance, le Conseil municipal de la commune de Roquebrussanne (Var) a décidé de donner aux rues et places de la localité, le nom des enfants du village morts pour la France. La rue Georges Clemenceau, baptisée jadis par M. Reymonenq, alors qu’il était sénateur et maire de la Roquebrussanne, portera le nom d’un héros du pays. Les conseillers municipaux ont motivé leur décision spécifiant que M. Clemenceau ne s’étant jamais occupé d’aucune commune du département qu’il représentait ne méritait aucun hommage particulier.
Le Populaire, journal socialiste du 19 aout: La rue Clemenceau débaptisée à Roquebrussanne.
Au cours de sa dernière séance, le Conseil municipal de la commune de Roquebrussanne (Var) a décidé de donner aux rues et places de la localité, le nom des enfants du village morts pour la France. La rue Georges-Clemenceau, baptisée jadis par M. Reymonenq, alors qu’il était sénateur et maire de la Roquebrussanne, portera le nom d’un héros du pays. Les conseillers municipaux ont motivé leur décision spécifiant que M. Clemenceau ne méritait aucun hommage particulier. – (Radio).
[Le Tigre s’aperçoit que La Roche Tarpéienne est bien près du Capitole, et qu’il n’y a de plus acharnés ennemis dans le malheur que ceux qui furent les courtisans dans la gloire]
Accusé de représailles, car le 3 janvier 1920, lors de sa dernière venue dans le Var, Clemenceau n’est pas passé par La Roquebrussanne, comme à l’accoutumée, le maire Latière dans Le Petit Provençal du 11 septembre, affirme que c’est un blâme!
L’Humanité, journal encore socialiste, le 5 octobre, titre Le maire, la plaque et le préfet.
La Roquebrussanne est une petite commune du département du Var. Un maire réactionnaire, Raymonencq (sic), y avait baptisé une rue des nom et prénom, partout aimés, de Georges Clemenceau, mais il fut remplacé par un maire socialiste, Labierre (sic), sur l’initiative duquel le Conseil municipal décida, le 12 août dernier, de remplacer le nom de Clemenceau par celui de Jean Jaurès. Malheureusement on attend encore l’approbation du préfet. Pour simplifier la procédure, le maire a fait vœu, si la réponse tarde trop, de monter sur une échelle et de procéder lui-même au remplacement des plaques. Il est probable que beaucoup de ses concitoyens l’y aideront.  »
Nous ne savons pas ce qu’il advint réellement, la transformation a-t elle eu lieu? Nous n’avons pas trouvé la suite. Aujourd’hui elle s’appelle encore Clémenceau!

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Sources: presse locale et nationale.


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